Une pincée d’ancien, un nuage de futurisme et surtout une bonne dose de folie, mélangez le tout et vous obtiendrez… un Cholet ! Cet édifice, à la fonctionnalité multiple, pousse comme un champignon dans les hauteurs d’El Alto, situé dans le département de La Paz, en Bolivie. En quelques années de nombreuses oeuvres ont déjà vu le jour.
Sous son aspect moderne, le Cholet illustre pourtant l’identité ancestrale du pays. C’est le créateur Freddy Mamani qui est à l’origine de cette architecture extravagante, à laquelle nous dédions, durant ce beau mois de juillet, un article coloré.
Entre luxe, kitsch et psychédélisme, Thaki Voyage vous emmène sur la route des mini-manoirs andins, où les limites de l’imaginaire et de la finance n’existent pas. Du rose au jaune en passant par le bleu et le vert, c’est promis, vous allez en prendre plein les yeux !
Redéfinir la nouvelle identité bourgeoise d’El Alto
Aujourd’hui, El Alto se peint de couleurs et de faste pour accueillir les nouveaux millionnaires du territoire. Pourtant l’ex-banlieue, autrefois considérée comme la petite soeur pauvre de La Paz, a vécu de nombreuses dévalorisations face à sa grande soeur. Située à plus de 4000 mètres d’altitude, il est depuis 2014, possible de la découvrir en prenant le téléphérique depuis le centre-ville de la capitale bolivienne.
La municipalité d’El Alto est composée à 80% de la population aymara, très à coeur de conserver ses traditions rurales dans le paysage urbain. Depuis quelques années, certains membres de cette communauté s’enrichissent considérablement. Dès lors, dans un besoin d’afficher leurs réussites, les nouveaux riches d’El Alto choisissent les façades de la ville pour illustrer leurs pouvoirs économiques; donnant aux hauteurs de la métropole, une identité nouvelle et contrastée.
Ainsi, les édifices démesurés et colorés nommés Cholets sont le signe d’une richesse croissante et excessive dans le pays. Ces maisons font également l’objet d’une véritable compétition entre leurs propriétaires, tous souhaitant posséder la plus belle demeure du quartier. De ce fait, aucun Cholet ne se ressemble : chaque pièce est unique et personnalisée.
Le Cholet ou la lutte architecturale contre la disparition des racines boliviennes
Les Cholets sont par ailleurs très enviés par leurs voisins sud-américains, néanmoins il vous faudra vous rendre à El Alto, berceau de la mutation, pour les admirer. Issues de la nouvelle tendance « néo-andine », ces maisons gigantesques sont une expression architecturale purement bolivienne qui a pour but de revaloriser la culture du pays et de la préserver.
C’est dans la tête de Freddy Mamani, pionnier de ce mouvement et originaire d’El Alto que sont nées ces oeuvres tape-à-l’oeil. L’ingénieur souhaitait en effet rompre avec les règles enseignées dans les écoles d’architecture, en allant au-delà des limites imposées par la configuration occidentale et néo-coloniale. Pour cela, il décida de s’inspirer de l’architecture andine, plus précisément des formes géométriques des vestiges de la civilisation Tiwanaku (n’hésitez pas à consulter notre article à ce sujet) et de la multipluralité des couleurs des textiles qui existent dans l’Altiplano pour créer un style reconnaissable en un clin d’oeil.
Mamani construit donc le futur à partir du passé, c’est pourquoi il récupère l’iconographie de la culture de Tiwanaku, qu’il considère comme l’essence de ses oeuvres et il y intègre les couleurs des textiles traditionnels boliviens, notamment portés par les Cholitas. Cette fusion présente dans son travail se retrouve également dans le mot Cholet, contraction de Cholo, monde mestizo et de Chalet, maison suisse. Bien que le terme ne lui plaise pas, Mamani s’est fait à la fois connaître en fusionnant la géométrie et les couleurs de la culture ancestrale bolivienne mais aussi en faisant table rase du passé architectural.
Des chiffres et des Cholets… le compte est bon !
Si les façades des Cholets rompent avec les règles classiques de la composition, la fonction de l’édifice aussi. Le Cholet est construit sur plusieurs étages, chaque étage ayant une fonction distincte. Généralement, le rez-de-chaussée est constitué de boutiques, le 1 er étage est occupé par un salon de fêtes, qui peut aussi être loué pour les mariages. Au second étage, vous trouverez le salon créatif pendant que les autres étages accueillent plusieurs appartements. Quant au dernier niveau, il se trouve être le lieu de vie du propriétaire. Certains Cholets abritent également des restaurants et des hôtels avec mirador.
Ces espaces génèrent donc un véritable apport économique et touristique, tant ils attirent l’attention. C’est une contribution conséquente pour la municipalité qui a réussi à donner vie et couleurs à cette ville aride, qui mérite d’être découverte. Thaki Voyage en profite pour vous informer que nous proposons la visite d’El Alto et bien sûr des Cholets ! En notre compagnie, prenez le temps d’admirer les moulages, le design, la décoration mais aussi de comprendre la complexité de ce travail artisanal. Sachez qu’il faut parfois plus de six ans pour construire une oeuvre.
Actuellement, la Bolivie compte plus de 350 Cholets déjà réalisés ou en cours de construction. De nombreux ingénieurs se sont mis à imiter le projet de Mamani et participent à rendre la ville surréaliste. Parmi les réalisations les plus fascinantes, vous prendrez plaisir à contempler les Cholets inspirés des Cosmics Marvel, comme le Cholet Ironman ou le Cholet Transformers. Vous pourrez aussi entrevoir le Cholet de Lionel Messi ou encore le Cholet de la Statue de la Liberté. Immanquable également, celui que les réseaux sociaux ont surnommé le Titanic, le Cholet El crucero de los Andes. Comme vous le contesterez, chacun de ces palais a une thématique qui lui est propre.
Article par Mathilde Leroux