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La légende del Guajojó : une complainte bolivienne

9 mai 2023

Decouvertes

La légende del Guajojó peut-elle être considérée comme une variation bolivienne du Lac des cygnes ? Bien que la jeune femme se transforme aussi en oiseau, il n’est ici pas question d’un cygne blanc et majestueux mais d’un ibijau (guajojó), aux grands yeux jaune-vert et au plumage gris qui lui permet de se camoufler dans les contrées tropicales boliviennes.

Cet oiseau nocturne provenant des forêts sud-américaines est facilement reconnaissable tant il est atypique, c’est pourquoi il est à l’origine d’une légende populaire dans le pays. C’est précisément dans les plaines du Gran Chiquitania, à l’Est de Santa Cruz de la Sierra, que Thaki Voyage se dirige pour vous conter ce récit, mettant en scène l’un des peuples de cette région : les Chiquitanos.

La légende évoque l’histoire d’amour entre une jeune fille et un homme de la tribu. Celle-ci fut transformée en oiseau par son père, refusant leur relation naissante. Aujourd’hui son chant, el lamento, résonne toujours au coeur de la terre amazonienne. Alors, dans un décor hostile et épineux, partez écouter le cri du Guajojó et découvrez à votre tour, tout le tragique de cette légende, très célèbre en Bolivie !

Thaki Voyage raconte nous la leyenda del Guajojó !

Cette légende vieille de plusieurs siècles raconte l’histoire d’une jeune indienne, fille du chef, issue d’un groupe de la région de Chiquitania.

Un jour, elle tomba amoureuse d’un jeune homme de cette même tribu, qui n’était malheureusement pas de son rang. Néanmoins l’amour étant plus fort, leur relation perdura en cachette. Malencontreusement le père de la jeune femme découvrit l’aventure sentimentale qui unissait sa fille avec ce garçon, c’est pourquoi il décida de mettre un terme à cette liaison car il ne considérait pas l’homme digne d’épouser sa fille.

En utilisant la supercherie, le père de la jeune femme qui était aussi magicien, trompa le jeune prétendant en l’emmenant dans la jungle. Dans la profondeur de la forêt, le cacique utilisa ses pouvoirs de chaman pour l’assassiner.

Après l’absence prolongée de son amant, la jeune femme soupçonna une rencontre malheureuse entre son père et son aimé et se lança donc désespérément à sa recherche. En effet, c’est dans la jungle qu’elle le trouva gisant sans vie au côté de son père. La preuve étant évidente, la jeune femme le menaça alors de dévoiler son crime à l’ensemble du village.

Afin de l’empêcher d’agir, le vieux sorcier choisit de la transformer en un oiseau de nuit : el Guajojó pour que personne ne sache ce qui s’était réellement passé. En utilisant la magie, il ne tuait pas sa fille; cependant avant que la métamorphose ne soit terminée, celle-ci réussit à prononcer le nom de son bien-aimé. C’est à travers la gorge de l’oiseau que la malheureuse jeune fille cria sa douleur. Elle pleure depuis ce jour, la mort de son bien-aimé par le biais de cette lamentation.

Les nuits dans la jungle sont longues, c’est pourquoi après le coucher du soleil, vous pouvez entendre le chant du Guajojó, un son triste et déchirant émis par cet oiseau maudit, qui symbolise la plainte douloureuse de la jeune fille après la mort de son amant.

S’il vous plaît, dessinez-moi un Guajojó

Le Guajojó, est un volatile très populaire en Bolivie. Il n’est pas très agréable à regarder, en comparaison avec d’autres espèces d’oiseaux de la région, plus colorées. Cependant c’est sa couleur grise, qui lui permet d’être confondu avec les troncs secs de la forêt amazonienne et qui l’aide durant les différentes attaques auxquelles il est confronté.

C’est un oiseau insaisissable et solitaire, au bec fin et étroit qui détient une caractéristique unique : un chant étrange, appelé El lamento del pájaro Guajojó. Vous serez surpris lorsque vous écouterez ce chant à la fois mélodieux mais surtout très triste, qui n’est pas s’en rappelé la complainte humaine.

Il faut aussi savoir que les animaux sont souvent choisis pour illustrer les récits boliviens et il est ici intéressant de comprendre le choix de ce volatile au sein de cette légende. Par le biais de l’oiseau Guajojó, les hommes parlent d’amour, précisément d’un amour impossible.

Si un amour ne se déploie pas, les conséquences peuvent être désastreuses, à l’image de l’oiseau auquel on coupe les ailes. Il perd ce pour quoi il est né : voler. L’oiseau mourra donc car il ne pourra pas voler.

La légende inspire les artistes de Santa Cruz de la Sierra

Les mythes et les légendes boliviennes n’ont jamais cessé d’être une source d’inspiration pour les locaux et notamment la légende del Guajojó, qui prend vie dans une région, constituée d’un environnement naturel fantastique qui jouit d’une grande quantité d’animaux sauvages.

Notre article du mois de mars sur Santa Cruz de la Sierra et le Gran Chiquitania fait déjà référence aux multiples espaces où vous pourrez découvrir ces espèces, comme le Parque nacional Amboró, le joyau de cette région tropicale qui tient son nom des Chiquitanos, l’un des peuples originaires de cette zone.

Cette tribu vit principalement dans la savane tropicale de Chiquitania, à proximité de Santa Cruz de la Sierra, c’est pourquoi la légende continue d’influencer les enfants du pays.

Tous les deux nés à Santa Cruz de la Sierra, le compositeur Percy Ávila immortalise la tristesse de cette histoire dans une chanson en 1968, intitulée El Guajojó et c’est aussi ce titre éponyme que choisit en 2021, l’artiste Kenia Almaraz Murillo pour l’un de ces tissages, rendant hommage à cet oiseau.

Aux yeux perçants provenant de néon LED et de phares de scooter, la plasticienne retranscrit sa vision de ce volatile d’une manière, à la fois traditionnelle et contemporaine. Nous vous invitons à lire ou relire l’article du mois d’avril pour connaître son lien avec la Bolivie !

 

Tendez l’oreille lors de votre passage dans la jungle de l’Amazonie bolivienne. Thaki Voyage se fera un plaisir de vous guider vers le Guajojó afin de découvrir son chant incroyable et en attendant une nouvelle légende, contactez-nous pour préparer votre voyage en Bolivie !

 

 

Par Mathilde Leroux.