Inscrivez vous à notre newsletter !

Là-haut sur la montagne du Cerro Rico

27 février 2023

Decouvertes

Si la cité de Potosí est située à 4070 m d’altitude, faisant d’elle l’une des villes les plus hautes au monde, ce n’est rien en comparaison avec la montagne du Cerro Rico, qui domine majestueusement la ville.

Ce sommet andin qui culmine à 4782 m d’altitude au sud de Potosí est à la fois un symbole de richesse et de détresse pour ceux qui le foulent, mais que cache réellement son antre ? Des siècles d’histoire habitent sa terre et s’abritent dans ses ressources naturelles. Aujourd’hui encore connu pour ses importants drames miniers, il est inscrit au Patrimoine de l’Humanité en péril par l’UNESCO depuis 2014.

Il serait dommage de ne pas apercevoir le mont et la ville lors de votre voyage en Bolivie, c’est pourquoi entre splendeur et décadence, Thaki Voyage vous invite à plonger dans ce trésor bolivien, qui a beaucoup à vous livrer.

Le Cerro Rico, l’histoire des richesses du mont

Depuis le XVI ème siècle, le Cerro Rico a été exploité pour ses ressources minérales multiples, mais c’est surtout grâce à son sol constitué d’argent, que le mont a acquis sa renommée. Cette abondance d’argent lui valut plusieurs appellations, dont celle que nous utilisons actuellement en espagnol, el Cerro Rico : traduisez ici, « le Mont Riche », qui est une référence directe aux ressources trouvées et exploitées par les conquistadors.

En effet, les mines ont été découvertes en 1545 sous la domination espagnole, ce qui marque le début de l’histoire minière de ce célèbre mont. C’est plus précisément Diego Huallpa, un esclave indien qui découvrit les premiers filons d’argent en janvier de cette même année.

La nouvelle mine fut donc un lieu d’attrait pour la vice-royauté du Pérou et c’est ainsi qu’en 1546 l’on fonda la ville de Potosí, au pied de l’activité intense du Cerro Rico. La cité se transforma en « Ville impériale » et c’est tout naturellement que les espagnols s’emparèrent de ce lieu et du Cerro Rico pour financer les affaires de l’Empire Espagnol. Potosí et son mont devinrent l’une des principales sources économiques du vieux continent.

La devise « Je suis la riche Potosí, trésor du monde… Objet de convoitise des rois » illustre la situation de l’époque. Néanmoins, avant l’arrivée des colons, la légende prétend que les locaux connaissaient l’existence de la richesse du mont, sans l’exploiter : les préoccupations des habitants de l’époque étaient bien éloignées de celles des conquistadors espagnols.

À l’époque précolombienne, le mont fut un lieu sacré pour les populations locales, qui le considérait comme una huaca, c’est-à-dire un site dédié à l’admiration de la divinité amérindienne. Sacrifices et rites y ont été effectués en l’honneur du dieu Huiracocha ou de la Pachamama.

C’est ainsi qu’en quechua, le Cerro Rico s’appelle Huayena Potosí, qui signifie « celui qui explose » en référence directe aux pouvoirs de la divinité Huiracocha, qui était très importante dans la cosmogonie incas.

Les mineurs, les mines et le diable : à la rencontre du célèbre Tío du Cerro Rico

De nos jours, le site est toujours exploité, entraînant un risque d’effondrement de plus en plus menaçant. En outre, les conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers demeurent particulièrement éprouvantes et extrêmes, c’est pourquoi les mineurs demandent toujours l’apaisement et la bienveillance de El Tío avant de débuter leur journée de travail.

Les hommes le prient afin de protéger celui qui s’aventure dans les tunnels sombres et étroits du mont. En effet, dans les profondeurs de cet espace se trouve une statue dédiée à ce personnage, car selon les croyances populaires, El Tío ou El Supay serait le dieu des enfers et du monde souterrain.

Ses traits sont donc ceux d’un diablotin et les mineurs lui font des offrandes, parmi lesquelles : des cigarettes, de l’alcool ou des feuilles de coca, qu’eux-mêmes mâchent pour supporter la dureté de leur activité. Cela n’est pas s’en rappeler les offrandes adressées à El Ekeko (conférer notre article du mois de janvier) cependant l’univers dans lequel travaillent ces hommes se rapproche de l’enfer et El Tío n’a rien à voir avec la figure joyeuse d’Ekeko. La référence au diable est évidente car selon eux, la terre qu’ils creusent lui appartient.

Ainsi la rencontre entre les croyances indigènes et espagnoles se retrouvent aussi au coeur de la mine puisque le culte du Tío naquit au sein même du Cerro Rico. Tío (oncle) serait une déformation du mot Dios (dieu).

Sa statuette est présente dans plusieurs passages des galeries du mont, car le Cerro Rico comporte plus de 600 entrées de galeries pour 200 mines, environ.

Cette importante exploitation minière explique les nombreux accidents actuels.

Potosi : un aperçu d'histoire

Autrefois présentée comme la plus grande ville du monde, Potosí connut une grande prospérité économique qui s’est depuis achevée. Malgré ce déclin, l’ensemble des églises de la ville, ainsi que les bâtiments coloniaux et les rues piétonnes ont été préservés.

Son centre historique est reconnu au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est pourquoi il faut absolument visiter ses églises, au nombre de 22, parmi lesquelles l’église San Francisco taillée dans la roche, l’église San Lorenzo et aussi la cathédrale.  La Torre de la Compañia de Jesús est immanquable au même titre que la Casa Nacional de Moneda, considérée comme le musée le plus célèbre de la ville.

Découvrez aussi les anciens quartiers ouvriers, nommés barrios mitayos comme les quartiers nobles, car la division de quartiers entre les colons et les travailleurs forcés était réellement visible à Potosí. En effet, seule une rivière artificielle séparait ces deux espaces.

Les influences baroques et indiennes locales ont fait de la ville un grand lieu d’architecture en Bolivie. Le style, baroque andin la présente comme un authentique témoignage de l’histoire minière vécue dans les Amériques.

Préférez votre visite du Cerro Rico et de la ville de Potosí entre avril et octobre !

La vue panoramique qu’offre le mont est à couper le souffle, néanmoins se rendre à Potosí est loin d’être une expérience anodine. Ancien complexe industriel à échelle mondiale, la cité vous touchera et impactera votre périple.

C’est une autre façade de la Bolivie que Thaki Voyage vous invite à entrevoir, là-haut sur la montagne afin de repenser l’histoire de ce pays !

Par Mathilde Leroux