La plus grande fête de l’année
La Fête du « Gran Poder » (Grand Pouvoir), grande manifestation culturelle et folklorique, est célébrée chaque année à la Paz et quel spectacle !
Le ton est donné quelques mois avant où l’on voit s’entrainer les danseurs et fanfares dans les squares et places centrales de la ville. Nous avions très envie de partager avec vous cette grande fête populaire qui a eu lieu ce samedi 10 juin. La ville entière est mobilisée autour de cette événement spectaculaire retransmis en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Comme chaque année, la fête commence tôt le matin et se termine souvent le lendemain au petit matin. Le « Preste », l’après-fête privée, est célébrée le lendemain par les organisateurs des groupes folkloriques.
Cette année, on ne compte pas moins d’une 60 aines de fraternités soit près de 40.000 danseurs et 7.000 musiciens ! Il est facile d’y passer la journée tant la fête bat son plein.
Les masques et costumes sont haut en couleurs et représentent les grandes périodes de l’Histoire de la Bolivie. Leur fabrication s’étale sur plusieurs mois et certaines parures agrémentées de bijoux en or sont estimées à plusieurs milliers de dollars !
Les origines de la fête
« El Señor Jesús del Gran Poder » est une célébration religieuse en hommage au fils de Dieu. Symbole de syncrétisme, elle mêle à la fois des croyances catholiques et rituels aymaras.
« Gran Poder » signifie «Grand Pouvoir». Selon la croyance « Dieu est amour » et cet amour permettrait d’affronter tous les obstacles. L’origine de cette célébration remonterait au 8 décembre 1663, date de fondation du couvent des « Mères Conceptrices ». Les religieuses souhaitant faire partie du couvent devaient emporter avec elles une image religieuse. Une d’entre elle, Genoveva Carrión, choisit une effigie des trois visages du Seigneur Tout Puissant représentant la Trinité. Le choix fit polémique et c’est en 1904 qu’un dévot convertit l’image en un seul visage. Elle sera alors surnommée « Señor del Gran Poder » en référence au saint patron de la ville espagnole de Séville. Les dévots furent de plus en plus nombreux. En 1928 et afin d’accueillir les fidèles, un temple fut construit à la Paz dans le quartier de Chijini.
En lice pour une reconnaissance mondiale !
Les premières démonstrations folkloriques auraient débuté en 1923 et de nombreuses fraternités, danses et fanfares se sont ajoutées à l’événement.
Aujourd’hui, il est intéressant de voir que tout le monde se mélange le temps de la fête. Comme le souligne l’anthropologue italien Nico Tassi : « Les groupes folkloriques participant au Gran Poder ont réussi à établir ce qu’aucune institution officielle n’a jamais réussi à générer : le mélange des classes. » (Nico Tassi, El Desacuerdo, juin 2014).
Fin Mars 2017, le gouvernement bolivien et l’association des groupes folkloriques paceños ont présenté une candidature afin que le Festival du « Gran Poder » puisse être reconnu (à l’instar du célèbre Carnaval d’Oruro) comme Patrimoine Oral et Immatériel de l’UNESCO. Cette année, la ministre de la Culture, Wima Alanoca, a tenu à souligner l’excellente organisation de la fête qui a commencé par un rituel andin de remerciement à la « Pachamama » (Terre Mère). Elle a aussi déclaré cette manifestation comme « la plus grande fête de l’intégration et de la diversité » du pays.
Un événement à ne pas manquer si vous prévoyez de vous rendre en Bolivie !