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La légende de l’Ekeko

25 janvier 2023

Decouvertes

Travail ? Amour ? Santé ? Chance ? Pour la nouvelle année, adressez vos voeux au gardien du foyer andin : Ekeko ! 

Célébré chaque 24 janvier à La Paz au cours de la foire des Alasitas, c’est donc le mois rêvé pour vous parler de sa légende et de son impact dans la vie des boliviens.

Car qui est-il ? Quelles sont ses origines ? Pourquoi fume-t-il une cigarette ? Et a-t-il des pouvoirs surnaturels ?

En Bolivie, ce curieux personnage est considéré comme le dieu de l’abondance. Il est représenté par une statuette à laquelle on agrémente des miniatures des biens matériels que l’on convoite. 

Thaki Voyage vous emmène percer ses secrets et vous présente ce petit homme issu de la mythologie andine, symbole de fertilité et de prospérité.

Une légende au croisement de la culture indigène et des croyances espagnoles

Ekeko fait partie des rituels de la région de lAltiplano, c’est pourquoi on le retrouve au nord du Chili, en Argentine, mais avant tout au sud du Pérou et en Bolivie. 

Originaire de la civilisation pré-inca de Tiwanaku, Ekeko, qui signifie « nain » en langue Aymara est très probablement né en Bolivie avec la divinité Illa. 

Celui qui est vénéré comme le dieu de l’abondance, de la fécondité et de la joie, est à ses débuts une figurine en pierre, nommée Illa. Ses traits sont indigènes et son corps nu symbolise la fertilité. 

Cette statue de 15,5 cm fut dérobée sur le site de Tiwanaku par le naturaliste suisse Johann Jakob von Tschudi, exposée à Berne avant d’être rendue récemment à la Bolivie. 

Elle peut être considérée comme le « premier » Ekeko de l’histoire, même si elle ressemble peu au personnage que nous côtoyons actuellement.

L’arrivée des colons espagnols changea son aspect physique pour lui donner une apparence « plus occidentale », un visage plus pâle, mais aussi des vêtements pour cacher son apparente nudité. 

Car en effet, le culte de la divinité d’Ekeko prit une nouvelle dimension à La Paz avec le gouverneur espagnol Don Sebastián de Segurola. 

En 1781, lors du siège de la ville durant le soulèvement indigène de Túpac Katari contre l’autorité espagnole, les habitants se retrouvèrent privés de nourriture. 

La légende dit que malgré cette terrible famine, Don Sebastián de Segurola fut épargné par cette pénurie grâce à l’un de ses serviteurs, Paulita Tintaya, qui lui fournit de la nourriture avant de lui expliquer l’identité de son bienfaiteur : Ekeko.

En remerciement, il décida de rendre hommage à ce mystérieux homme qui lavait protégé et autorisa dans la ville cette coutume indigène. 

Depuis ce jour, Ekeko est toujours considéré comme un objet de culte et un porte-bonheur auquel on voue un très grand respect. 

Un personnage souriant et joyeux très apprécié en Bolivie

De nos jours, Ekeko est une statuette en plâtre ou en céramique et fait partie de l’artisanat bolivien. Ce petit homme, légèrement rond et avec une moustache est reconnaissable par ses habits typiques des hauts plateaux. 

Son visage, qui dessine un subtil sourire, laisse apparaître une bouche avec une grande ouverture, ce qui lui permet de fumer, car lui offrir des cigarettes est une tradition. 

En effet, la légende veut que lorsque Ekeko fume l’intégralité de sa cigarette les voeux se réalisent, mais au contraire si celle-ci ne se consume qu’à moitié, les souhaits désirés ne se voient pas accomplis. Il n’est pas rare également de lui offrir de l’alcool. 

Regardez bien Ekeko et vous verrez qu’il porte un grand nombre de paquets sur son dos. Ces objets représentent les souhaits que l’on désire réaliser au cours de l’année. 

Si vous rêvez d’une prospérité économique, votre voeu se concrétisera sur Ekeko par la miniature d’un billet. Parmi les voeux les plus fréquents, citons : les ustensiles ménagers, les billets de loterie ou d’avion, une voiture, une maison, de l’alimentation à foison ou encore un bébé, car Ekeko favorise aussi les rencontres amoureuses.

De plus, il est possible d’écrire ses envies sur un papier et de les coller à même le corps de ce petit homme pour avoir abondance et chance. 

Il est impressionnant de constater la foi qu’ont les boliviens pour Ekeko, qui est généralement présent dans chaque foyer. Ce personnage joyeux par son sourire est considéré comme un véritable ami au sein de la famille. 

Ekeko, le personnage central de la fête des Alasitas

L’engouement pour Ekeko est tellement important en Bolivie, qu’une manifestation culturelle, intitulée la foire des Alasitas lui est dédiée tous les 24 janvier dans la capitale du pays et dure plusieurs semaines. 

Instaurée par l’espagnol Sebastián de Segurola depuis 1781 à La Paz, elle est l’occasion d’acheter les biens que vous souhaitez acquérir en taille réelle durant l’année en cours, mais aussi des statuettes d’Ekeko, qui sont présentes sur tous les stands de la ville. 

Lors de la foire, il est donc possible d’obtenir toutes sortes de miniatures, mais au-delà de l’aspect matériel, il est aussi envisageable d’avoir une miniature de projets plus immatériels, comme un diplôme duniversité par exemple. 

En effet, une certaine avidité peut transparaître durant cet événement, en contradiction avec les valeurs aymaras, prônant l’équilibre et la communauté; cependant Ekeko peut aussi symboliser un bien personnel que l’on souhaite partager avec le plus grand nombre, car être en harmonie avec la Pachamama demeure une tradition et fait partie de la culture bolivienne. Les offrandes sont donc un moyen de remercier Ekeko, qui doit être béni par un guide spirituel du peuple aymara, un yatiri, une fois les miniatures fixées sur la statuette.

Depuis 2017, cette célébration est inscrite au patrimoine culturel de l’UNESCO et elle est donc un incontournable lors de votre passage en Bolivie. 

Le dieu indigène Ekeko, entre amulette de la chance et divinité à la connotation mystique, vous apportera bonheur et belles énergies pour cette nouvelle année.

En quête d’abondance, offrez-le à vos amis à la suite de votre voyage en Bolivie, où vous aurez l’opportunité de vivre la fête d’Alasitas à La Paz pour découvrir une nouvelle facette de ce pays et de ses croyances. Et même s’il n’est pas reconnu par l’église catholique, Ekeko est un véritable saint dans le pays.  

Alors même si les voeux ne se disent pas, quel est votre souhait pour 2023 ? Thaki Voyage vous attend pour le réaliser ! 

Par Mathilde Leroux