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Janqu Laya, un sommet inédit & sauvage! Un des coups de coeur 2020!

23 novembre 2020

Montagnes

Dans la liste des choses à faire durant cette satanée année sabbatique forcée, il y avait le Janqu Laya. Nous y avions fait une reco en 2015, mais celle-ci n’avait pas été concluante. Le temps avait été mauvais, ne nous permettant pas de nous rendre compte de la beauté des paysages. Nous avions aussi réalisé une voie trop exposée, et très dangereuse sur son versant Ouest. Nous nous étions engagés dans un chaos rocheux difficilement franchissables, excepté pour des experts du « terrain varié »….pour les initiés ! L’ascension se faisait par des pentes très pentues dans la moraine puis sur la glace, et aussi très exposées à des chutes de rochers.Il fallait absolument y retourner et c’était alors l’occasion.

Nous profitons d’un week end ensoleillé et normalement encore enfermés (quarantaine oblige) à La Paz pour nous échapper. Nous allions tenter l’ascension par son versant Sud. Cela semblait plus long. Il nous faudra faire une longue marche d’approche à flanc de montagne pour rejoindre le glacier, mais au moins les pentes n’étaient pas trop raides et le terrain semblait praticable. On pourra s’y frayer un chemin au milieu des rochers. Nous décidâmes de partir tôt, vers 03h00. En attendant, nous établissons notre camp de base dans une jolie prairie au pied du Janqu Laya, à 4560m d’altitude. Un beau ruisseau aux couleurs turquoise serpente la prairie. Par endroit, la rivière offre des petites plages de sable blanc qui invitent à une baignade dans ses eaux malheureusement froides…mais pourquoi pas se lancer tenter par un petit bain revigorant…

L’heure du réveil avait sonné. Il ne faisait pas trop froid et il n’y avait pas de vent. Cela annonçait une ascension assez tranquille et surtout agréable. Nous partîmes à 3h30 du matin, plus motivé que jamais par un ciel bien étoilé et une lune presque pleine. Nous progressions à flanc de colline pour rejoindre le bord du glacier. La marche d’approche sera en effet longue, environ 3h30 en tout pour atteindre le glacier. La marche se fit assez facilement au début, les pentes étaient assez douces et on se frayait un chemin au milieu du dédale de rochers. Plus nous progressions, plus la pente se redressait et les rochers devenaient plus nombreux. Sur les 150 derniers mètres de montée, la progression était plus difficile. Il fallait bien suivre les cairns afin de trouver le meilleur passage au milieu des barres rocheuses. Nous terminâmes l’approximation de manière plus chaotique dans la moraine et les blocs de rochers.

Nous étions alors à 5200m d’altitude au bord du glacier. Le soleil était désormais bien présent. La glace était bonne , mais les pentes étaient assez raides (45º/50º) pour rejoindre les arêtes sommitales vers 5400m d’altitude. Une fois sur les arêtes, nous découvrîmesun champ de pénitents. Il allait falloir s’armer de courage pour monter les 150 derniers mètres qui nous séparaient du sommet. A certains endroits, les pénitents étaient très grands et nous rendaient la tâche difficile. Pour ceux qui ne connaissent pas, les pénitents de neige, parfois nommés pénitents de glace, sont une formation de neige à des altitudes élevées et qui prend la forme de minces lames de neige ou de glace durcie, et dont les lames sont orientées dans la direction générale du soleil. Ils peuvent atteindre des hauteurs supérieures à 1 mètre. Il est parfois impossible de les franchir.

Vers 10h00 du matin, nous arrivâmes au sommet. Le ciel est d’un bleu intense et la vue sur les environs splendide. Nous pouvions voir jusqu’au nord de la Cordillère Royale, l’Illampu, l’Ancohuma et plus proche le Chachacomani. De l’autre côté, on observait l’Illimani, le Mururata et la Face ouest du Huayna Potosi. Le panorama était splendide. Nous découvrîmes aussi les profondes vallées qui descendent dans les Yungas et de beaux lacs colorés, de différents bleus, bleu intense, vert émeraude et turquoise, sur les flancs de la montagne nous faisant face. Cela nous donna envie d’aller y faire une petite randonnée. Après un repos mérité au sommet, nous décidâmes d’attaquer la descente……la route était encore longue jusqu’en bas.  Ce jour là, nous fîmes quasiment 10 kms et 1200m de dénivelé positif et négatif. La fatigue se fit sentir à l’arrivée et je profitai d’une bonne sieste après un repas frugal et une bière fraîche à souhait !

Le lendemain nous décidâmes d’explorer les différents lacs que nous avions repérés la veille. Nous voici partis, plein nord, en direction des lacs. Nous suivions un joli sentier qui prenait petit à petit de la hauteur en direction des lacs. La vue se dégageait petit à petit sur le versant Est du Chachacomani, mais aussi sur le massif des Très Marias, que l’on n’observe quasiment jamais, ce massif étant caché sur les flancs Est de la Cordillère Royale. Nous arrivâmes sur un petit plateau. Un groupe de lamas étaient en train de manger tranquillement. Une dame les gardait en silence, se réchauffant au soleil. Hugo brisa la glace en lui parlant en aymara. Elle souriait et engagea la conversation. Personne ne venait jamais ici, encore moins des touristes. Quasiment toutes les maisons sont abandonnées.

La nouvelle génération part chercher du travail à la ville et de moins en moins de gens vivaient dans cette vallée.. Un peu plus haut, nous arrivâmes au premier lac, sans nom d’après la « tia » rencontrée un peu plus tôt. Les lamas aperçus plus bas étaient en train de nous rejoindre à vive allure. Une fois sur place, ils se comportèrent de manière très curieuse. Ils s’approchaient de nous comme si c’était nous les bêtes sauvages et curieuses. On avait l’impression qu’ils voulaient nous toucher, nous sentir, nous embrasser ou nous cracher au visage. Difficile de savoir. Mais, rapidement, j’avais  15 lamas autour de moi. Je commençais à avoir peur et me réfugiai sur un bloc de rochers. Hugo non plus n’était pas rassuré, il n’avait jamais vu un tel comportement de la part des lamas…..en tout cas, cela nous a valu une bonne crise de rires et de belles photos.

Le lieu était aussi magique, cela formait comme un mirador, avec les massifs glaciaires se reflétant dans les eaux du lac. Après avoir bien ri et laissé nos amis les camélidés à leurs pâturages, nous poursuivîmes notre chemin jusqu’à la deuxième lagune. Différente, elle était aussi très belle. Nichée comme dans un cratère, elle avait une jolie couleur d’un bleu intense. On pouvait observer une autre grande lagune aussi nichée dans un cratère sur les flancs de la montagne voisine. Au loin, la mer de nuages cachait les vallées profondes des Yungas. Vraiment une belle balade à recommander en acclimatation et mise en jambe. Le lieu est très beau, sauvage, différent de l’autre versant de la Cordillère. Il est possible de s’y balader plus longuement car d’autres lagunes se nichent un peu partout dans les environs. Nous rentrâmes tranquillement à notre campement, tout en faisant un dernier clin d’œil à nos amis lamas toujours curieux de nous voir. Une excellente et fraîche Corona nous attendait avant de plier le camp pour rentrer à la civilisation…..et ses êtres humains masqués !